Étant fasciné par l’archéologie et les civilisations anciennes depuis mon adolescence, il est normal que, lors de nos voyages, nous ajoutons à notre itinéraire un ou des lieux historiques et archéologiques d’importance afin de parfaire nos connaissances et nourrir notre passion.

Juin 2019 ne fait pas exception à cette règle non-écrite. Dans ce voyage, deux endroits ont été prévu. D’abords le site archéologique de Tulum dans la péninsule du Yucatan, province de Quintana Roo, situé en bord de mer, en lisière de la ville du même nom. Dernier lieu occupé de l’empire Maya de l’époque nommé le  “post-classique” (1200 à 1521 de notre ère), elle était surtout une forteresse de commerçants alliés de la ville de Mayapan. Lire: Tulum, dernière cité de l’empire Maya 

Notre deuxième visite prévue, Calakmul, connue comme étant le royaume du serpent, fait partie de l’époque dite “pré-classique”(1000 à 250 av. J.-C.) et connaît son apogée lors de la période classique (250 ap. J.-C. à 900 ap. J.-C).

Maintenant qu’on a établi l’époque et avant d’entrer dans le vif du sujet, sachez que nous n’en sommes pas à nos premières ruines mayas: Teotihuacan (Mexique), Ceibal (Guatemala), Xunantunich (Belize), Tikal (Guatemala), Copán (Honduras), Chichen Itza (Mexique), Uxmal (Mexique), Tulum (Mexique), ce qui nous a permis d’apprécier à sa juste valeur  la grandiose et magnifique Calakmul. 

Pour s’y rendre

La cité de Calakmul (de son vrai nom: Ox Te’ Tuun) est située en plein coeur de la jungle de la réserve de la biosphère de Calakmul dans la province de Campeche à environ 35 km de la frontière guatémaltèque. Consultez la carte interactive pour l’itinéraire exact

Il n’y a pas de transport public pour cette destination. Pour s’y rendre, vous devez faire le trajet en voiture. Nous en avions loué une à l’aéroport de Cancun: Lire: 10 jours au Yucatan Vous pouvez aussi prendre un tour en visitant cette page getyourguide.com Nous sommes donc partis de Tulum après une visite de deux cénotes près de Tulum. Les détails avec la carte interactive. Le trajet nous a pris un peu moins de cinq heures. Nous nous sommes arrêté Xpujil afin de nous nourrir et nous nous sommes rendus un peu plus loin à 2km passé la route pour les ruines sur la route 186 (kilomètre 95). À la tombée de la nuit, on s’arrête au village de Conhuas, où nous choisissons de dormir dans des Cabanas assez rustiques en plein coeur de la vie maya. On est accueilli par un chien pas très méchant mais clairement le gardien du territoire.

Notre hôte nous fait visiter notre chambre (cabanas) et on découvre qu’elle est déjà habitée. Une tarentule y a élu domicile. Hé oui, pas très rassurant!

Un lit, un ventilateur au plafond, pas de climatiseur, une salle de bain et un filet anti-moustique. C’est charmant, rustique et nous y passerons deux nuits. Si vous désirez sortir de votre zone de confort, c’est l’endroit idéal. C’était un petit paradis pour nous.

Le réveil… Caro et Marc à la ferme. Champs de coqs, aboiements, cochons qui couinent et grognent, piaillements d'oiseaux en tous genres, etc. Le réveil est brutal mais oh combien enrichissant. Un voyage dans une autre dimension en un instant. Bienvenu dans la vie d’un groupe d’individus autosuffisant au centre de la jungle des basses terres.

8h00 am. Il fait déjà très chaud. L’inquiétude est palpable chez nos hôtes car nous sommes au commencement de la saison des pluies mais l’eau si vitale pour leur survie se fait désirer. Les changements climatiques se font sentir partout sur notre belle planète. La côte Est du Yucatan ainsi que les Caraïbes en font aussi les frais. Lire: Ne laissez pas les algues sargasses gâcher vos vacances

Petit déjeuner qui s’éternise car on fait la conversation avec notre hôte afin d’en savoir plus sur eux, leur mode de vie, etc. Ce qui nous amène à partir à une heure tardive. On prend finalement la petite route qui nous mènera au site tant convoité (à 2 km des Cabanas). Un route de jungle de 60 km, étroite, où l’on ne peut pas rouler très vite (30 km maximum). Même avec notre habitude des nids de poule sur nos routes québécoises, les nids de dindons sauvages de la route de Calakmul sont un défi de taille. À 20 km sur cette route vous arrivez au musée de la biosphère de Calakmul. Celui-ci très sobre avec peu de chose couvrant cependant l’aspect archéologique, géographique et biologique du territoire de la biosphère vaut le détour ne serait-ce que pour y acheter de l’eau car après, il n’y a plus rien.

Ce chemin de jungle de 60 km vous prendra environ 1h00 à 1h30 sur lequel vous aurez tout comme nous la chance d’apercevoir divers animaux dans leur habitat naturel: dindons ocellés, cerfs, aras, tapir, agoutis, singes hurleurs, etc.  Si vous êtes encore plus chanceux, peut-être verrez vous certains serpents ou l’un des grands félins de cette réserve naturelle tel l’ocelot, le tigrillo ou le jaguar.

Le royaume du serpent

Enfin, le royaume du serpent. (Prix d’entrée 2019, 70$ MXN, 4,50$ CDN) Calakmul, probablement la plus puissante et influente cité de l’empire maya. Grande rivale de Tikal au Guatemala, on y dénombre plus de 6750 structures, pour la plupart ensevelis sous une épaisse végétation. Son centre appelé acropole (il y en a deux) couvre une superficie d’environ 2 km carré avec un peu moins de milles structures en pierre. En périphérie, l’espace est occupé par de plus petites structures résidentielles s’étalant sur 20 km2 pour une population estimée d’approximativement 50000 habitants.  La grande majorité des structures en pierre sont couvertes par l’épaisse jungle et il faudra de très nombreuses années pour en faire un site rivalisant en beauté avec les cités de Tikal, Palenque, Uxmal ou Copán. 

Construite en calcaire tendre, l’érosion a fait disparaître un grand nombre des inscriptions hiéroglyphiques et des gravures nous privant ainsi d’une bonne partie des écrits historiques de cette cité. Toutefois, Calakmul compte la plus grande concentration de stèles avec un nombre connu de 117.

Outre les stèles, les altars et les pyramides (temples et/ou tombes et/ou palais) gigantesques et imposantes, Calakmul compte un réseau de sept chemins pavés appelé sacbé. Ces routes ou sentiers menaient non seulement vers les sites satellites de cette cité mais aussi vers d’autres cités tels El Mirador et Nakbé.

Notre visite du site

Contrairement à mon sentiment à la vue du Machu Picchu que vous pouvez lire ici, je suis vraiment excité dès mon arrivée sur le site. Nous avons environ cinq cent mètre à marcher sur un sentier en mortier de calcaire probablement original (sacbé). Il ne faut pas oublier que, comme nos grandes villes d’aujourd’hui où l’on circule sur des trottoirs en ciment et des routes asphaltée, les cités mayas étaient elles aussi pavées afin de faciliter les déplacements et le commerce. Donc, on marche sur un sol maya ou plutôt, je flotte un peu au dessus tellement je suis heureux d’être là. 

Il fait une chaleur écrasante. On sue à grosse goutte. On aurait dû arriver plus tôt mais j’oubli instantanément mon inconfort à la vue de la première structure. Ça y est, je me transforme en un vrai fou à faire le tour de ces bâtiments anciens, devant, derrière, les plateformes, les pierres, les détails architecturaux qui passent inaperçus la plupart du temps. Je monte un des palais, c’est superbe. J’essai d’imaginer l’animation qu’il devait y avoir, le va-et-vient de la population, les rituels, les fêtes, les enfants qui jouent, l’élite et ses habits, la cour du seigneur divin (roi)… Mon cerveau file à 100 à l’heure et mon corps se déshydrate à la même vitesse.  

Je ne peux pas vous décrire chacune des structures, des pyramides, des habitations mais gardez à l’esprit que toutes les constructions de pierre étaient à l’époque recouvertes d’un stuc (plâtre de calcaire) et peintent en rouge. Les frises (fresco) et les sculptures étaient peintes en blanc, en bleu maya, en vert et en ocre. Aujourd’hui, ces couleurs ont disparu, toutefois, le site archéologique de Copán au Honduras a créé une réplique grandeur nature d’une structure avec toutes les couleurs d’origine.

On continu la visite avec les bâtiments résidentiels de la classe dirigeante. Un petit écriteau explicatif nous permet de mieux comprendre ce que l’on visite. Pour nous qui avons vu plusieurs sites mayas, cette fois est comme une révélation. L’organisation de la vie privée au centre de cette acropole gigantesque nous apparaît finalement claire. Plusieurs appartements privés ou personnels (genre chambre ou coin lecture) avec une petite place commune (sorte de court ou terrain de jeu pour enfants) au centre et le tout paré d’un haut mur et d’une étroite entrée afin de garder l’accès privé. Plusieurs personnes d’une même famille ou différentes familles pouvaient y habiter et ne pas être importunés par la classe des commerçants et des paysans. Caroline a les yeux plein d’étoiles d’enfin pouvoir imaginer à quoi ressemblait la vraie vie maya cohabitait tout près des centres cérémoniels et politiques.

Je vous ai dit qu’il y avait 117 stèles à Calakmul. Nous en avions vu de magnifiques à Xunantunich et à Copan mais celles de Calakmul sont gigantesques et même si l’érosion à fait disparaître presque toutes les inscriptions et les sculptures, je n’en suis pas moins impressionné.

On a beau boire de l’eau, on peine à rester hydraté. Nous voici au centre de la grande acropole. Sur 360 degrés, on observe des stèles et des structures fantastiques. Oui, je sais, la chaleur et mes émotions ne font pas de moi un être très cartésien. Je suis presqu’en extase. Caro s'assoit à l’ombre pendant qu’encore une fois je virevolte d’un bord et l’autre ne sachant plus où donner de la tête. Je m’épuise de plus en plus avec cette chaleur et il se fait tard alors on reprend le chemin espérant arriver à la structure II, plat de résistance de cette visite d’Ox Te’ Tuun. 

Sur le sentier, Caro s’arrête. Je vois qu’elle retrouve une grande vigueur. Je lève les yeux au ciel en suivant son regard. Auparavant, c’était moi qui jubilait avec mes tas de pierres. Maintenant, c’est elle qui s'excite devant une maman singe-hurleur et son bébé qui nous observent. Le spectacle est sublime. Caro tente de parler avec les singes. Elle est tellement heureuse! Moi, ce sont les ruines qui m’allume mais elle, c’est la nature, la vie sauvage. Ça doit être un histoire gars/fille… Quoi qu’il en soit, elle continue de parler avec cette maman singe et son bébé mais aucune réponse ne vient. Je crois qu’ils ne parlent pas la même langue. J’observe la scène. Que faire d’autre, je n’existe plus pour Caro à ce moment et je m’en fou. Elle est tellement heureuse!

On reprend la marche rempli d’un bonheur immense tous les deux. Oui, je tenais à le préciser.

Le plat de résistance, la structure II

La structure II. Ok, j’ai de la difficulté à processer l’ampleur et la grosseur de ce que j’ai devant les yeux. Caro me répète sans cesse depuis, que j’avais l’air d’une fourmi devant cette pyramide de pierre et que celle-ci donnait l’impression qu’elle allait m’avaler. Sa base carrée mesure 120 mètres et sa hauteur est de plus de 45 mètres. Ça me prend un moment avant de reprendre mes esprits et d’essayer de trouver un angle pour en faire une photo acceptable. Devant cette immense construction, on comprend vite qu’on ne la voit pas en entier. Alors que faire? 

On décide de monter!

À l’entrée du site, un encart vous déconseille de monter sur les monuments. Ce n’est pas interdit mais vous devez comprendre qu’ils sont un héritage historique d’une valeur inestimable pour l’ensemble de l’humanité. Alors, si vous grimpez ou marchez sur des structures anciennes, prière de faire attention à ne pas les endommager et de plus ne pas vous blesser. Il n'y a pas de rampe ou de cordes pour s’aider. Le risque d’une chute est toujours présent. Soyez prudent!

On y va! Les marches de l’escalier centrale ne sont pas d’une hauteur standard. La montée ne sera pas de tout repos. On prend notre temps. On pose les pieds sur l’arrière des escaliers afin de ne pas provoquer un détachement de pierre en bordure et tomber. On se tient d’une main car l’autre est occupée à filmer notre ascension. On lève la tête. On est à mi-chemin. On lâche pas. Le soleil non plus. Voilà, première étape réussie. Oui, première étape car il y a une pyramide construite sur celle que nous venons de monter. Une pause s’impose. On est déjà tout rouge à cause du soleil et les efforts faits à plus de 41 degrés celcius depuis le début de notre visite et les effets de la déshydratation se font sentir. Je décide enfin de reprendre la marche et atteindre le sommet. Caro décide de rester sur place. Je vous épargne la discussion qui s'ensuit car de toute façon c’est elle qui sait comment elle se sent.

Rapidement, je réalise que j’ai mal évalué mon état d’épuisement dû à la chaleur et mon enthousiasme à vouloir tout voir. Je dois m’arrêter à mi-chemin de la deuxième pyramide. Je me suis trompé de chemin en partant et j’ai été obligé de sauter par dessus deux murets et contourner une autre structure dont j’ignore l’utilité. Je m’assoie. La tête me tourne, je dégoutte. Mon coeur frappe fort à l’intérieur de ma poitrine. Je réalise que j’ai atteint ma limite. Je constate aussi que je n’ai plus 20 ans. Mon corps me parle et ça me fait chier. Je décide que c’est ici que j’arrête. Jusqu’à…

Caro a repris des forces et apparaît au coin d’un mur. Plus brillante que moi, elle a évalué le terrain et trouvé la passage. Elle vient me rejoindre et on reste tranquillement là en silence à regarder le paysage. Allez, on finit ça, to the top of the world. Oui, le top of the world maya de l’époque. L’apparition surprise de Caro m’a redonner mes forces. Tadam! On y est. On est heureux. On a atteint l’objectif que l’on s’était fixé ou presque. Presque, car on pensait manger un p’tit lunch au sommet mais comme on a commencé la visite vers 13h00, fuck le p’tit lunch! La vue est magnifique tout autour de nous. La jungle à perte de vue sur 360 degrés. On fait un selfie. On voit d’autres structures qui dépassent la canopé. Il parait même que, par temps clair, on peut voir la pyramide “la Dante” d’El Mirador à l'horizon. La plus grosse pyramide en volume du monde? On dit aussi de celle de Cholula qu’elle est la plus grosse en volume mais je ne l’ai pas vue donc je ne peux pas vous en parler. On va mettre ça sur notre bucket list.

On repart. Il est temps de redescendre. On le fait tout doucement en se tenant le plus possible car on est brûlé par le soleil et complètement déshydraté. Bien que cela soit moins exigeant que monter, il faut être très vigilant car les risques de débouler sont réels.

À mi-chemin une nouvelle récompense nous attend. Au pied de cette gigantesque pyramide, des dizaines de singes-hurleurs installés dans un arbre et qui nous observent en dégustant leur repas du soir. C’est le comble pour nous amoureux de la nature.

On arrive finalement à la voiture. L’entrée du parc est déserte. Nous sommes seuls comme nous l’étions pour l’entièreté de notre visite. Seuls au milieu de la jungle de Calakmul, des ruines de Calakmul, de la biosphère de Calakmul. 

On ouvre les portières de la voiture et l’intérieur est comme un fourneau. Caro met le contact et vlan! Air climatisé pour sauver nos deux Indiana Jones amateurs d’un coup de chaleur certain avec personne pour nous sauver d’une mort atroce, dévorés par le roi des prédateurs du royaume du serpent, le jaguar.

N’oubliez pas de consulter nos autres articles sur notre voyage au Yucatan:

• 10 jours au Yucatan

• Tulum: dernière cité de l’empire Maya

• Ne laissez pas les algues sargasses gâcher vos vacances

• Les cénotes du Yucatan, un incontournable

• 10 façons de faire du tourisme responsable

• La carte interactive

Nos outils pour vous aider

Exclusif à Nomades-X