10 jours au Yucatan
Juin 2019. Déjà les vacances! Nous avons seulement 10 jours et un budget modeste. Comme à la coutume, notre destination dépend des aubaines que nous dénichons sur les sites de billets d’avion tel que Skyscanner. Nous trouvons notre bonheur avec un vol direct Montréal-Cancun avec Air Transat. Cancun nous inspire peu mais il se situe dans le Yucatan et ça c’est chouette. Donc, après quelques recherches, nous parvenons à nous créer un itinéraire prometteur.
Mais qu’est-ce que le Yucatan au juste? C’est une région située au Sud-Ouest du Mexique, voisine du Guatemala et du Belize, entourée de la mer du golfe du Mexique et de la mer des Caraïbes. La région englobe les États du Yucatán, du Quintana Roo et une partie du Campeche. Elle est couverte de jungle, bordée de plages de rêve et parsemée de site archéologiques principalement Mayas. Elle recèle une multitude de cénotes notre article sur les cénotes est par ici, de villes et villages plus intéressants les uns que les autres. Voilà donc ce que nous nous apprêtons à découvrir et à vous faire découvrir. Vous pouvez voir la carte interactive ici (s’ouvre dans un nouvel onglet)
Après un vol de 4 heures nous arrivons à destination. Au moment de survoler la zone, nous découvrons en regardant par le hublot, une jungle d’une grande beauté. Un immense territoire plat d’un vert éclatant d’où l’on peut percevoir au loin les hautes tours des hôtels de Cancun qui semblent les seuls témoins d’une quelconque civilisation. Cela me réconforte un peu car, contrairement à ce que craignait, ici la jungle domine encore.
Au sortir de l’avion, la chaleur nous frappe de plein fouet. Il est pourtant plus de 17h00! Notre première étape, louer une voiture. Nous devons choisir une compagnie parmi la dizaine qui se présente sur notre parcours vers la sortie de l’aéroport et notre choix se pose sur Carflex et nous partons finalement dans une petite Chevrolet Aveo direction Tulum (deux heures de route environ). Vous trouverez tous les détails, adresses, lieux, trajets et liens dans notre carte interactive
Il y a peu de routes au Yucatan. Résultat, il est simple de s’y retrouver. Malgré la noirceur, nous avons un aperçu du décor entre Cancun et Tulum, le tronçon le plus emprunté de toute la région. La route ou plutôt l’autoroute est moderne et parfaitement entretenue. De nombreux panneaux publicitaires et de gigantesques devantures d’hôtels jonchent les deux côtés. C’est aussi là zone des mégas parcs d’attractions. Nous voyons là un avant goût de ce qui nous attend, un pays qui vit du tourisme et qui fait tout pour lui plaire.
Attention, zone de Mégas attractions
Sur la route 307, entre Cancun et Tulum, vous remarquerez peut-être l'effervescence publicitaire signalant la présence d’un grand nombre d'attractions, d’immenses hôtels, des terrains de golf, des zoo. Même le Cirque du Soleil y a élu domicile. Mais ce qui étonne surtout ce sont les mégas parcs d’attractions. Ces dernières années, l’afflux exponentiel de visiteurs, attirés par les plages de rêves et les sites réputés, a provoqué une telle demande que c’est devenu un terreau fertile à un développement massif.
De la route, vous n’apercevrez pas vraiment ces endroits mais vous les devinerez lorsque vous verrez des hommes juchés dans des tours d’observation dont nous supposons que le boulot est de protéger les précieux visiteurs d’un quelconque danger à moins que ce ne soit pour dissuader quiconque de pénétrer dans ces réplique de Disneyland sans payer l’exorbitant prix d’entrée, Chacun de ces paradis artificiels a un thème exploitant divers éléments faisant la renommée du Yucatan. Leur noms débutent tous par la lettre X et, bien que je n’ai pu le vérifier, ils semblent appartenir au même conglomérat. En voici quelques uns: Xoximilco, Xcaret, Xplor, Xenses, Xel-ha.
Vous vous en doutez, ce n’est pas notre tasse de thé. À la limite, ils peuvent peut-être valoir la peine avec les enfants. Nous avons consulté quelques critiques de ceux qui les ont essayés sur des sites de voyage et peu sont élogieuses. Cela nous laisse penser que ce sont plus des attrapes touristes qu’autres choses. Nous ne pouvons cependant rien affirmer. S’il y en a parmi vous qui les ont essayés, nous sommes curieux de connaître vos impressions.
Nous arrivons finalement à Tulum. Comme à notre habitude, nous n’avons rien réservé d’avance. Nous sommes fatigués de notre longue journée et nous devons trouver un endroit pour crècher. Nous constatons que la ville se divise en deux: Le pueblo et la zone hôtelière. Cette dernière longe une des plages les plus réputés du Mexique. Magnétisée par la présence de l’eau, je persuade Marc de tenter notre chance pour trouver un petit cabañas dans la zone hôtelière. Mauvaise idée! La route le long de la plage est étroite et remplie de monde. Nous sommes un samedi soir et une horde de jeunes riches hippies chics festoient dans les rues, rendant la circulation en auto presque impossible.
La plage de Tulum semble être le paradis de la génération Instagram. Une combinaison parfaite de l’esprit routard Woodstock qui l’a vue naître dans les seventies et du luxe absolu. On y retrouve bien encore des cabañas mais il faut être prêt à débourser minimum 300$ US. Une multitudes d'hôtels, de bars, de boutiques ultra branchés défilent sous nos yeux ahuris, tous plus inaccessibles pour notre portefeuille les uns que les autres. Pas le choix, nous nous rabattons sur le pueblo. Il est 23h00. En bordure du village, nous trouvons un honnête petit hôtel à 40$ la nuit. Ouf, plus dans notre budget!
Après avoir pris possession de notre chambre, nous décidons d’aller manger dans un kiosque de rue face à un garage servant de délicieux tacos. De retour à l'hôtel, nous nous cadenassons hors de notre chambre, réveillons le pauvre responsable pour se faire ouvrir la porte pour ensuite finalement tomber dans les bras de Morphée.
Notre plan du lendemain est de visiter le site archéologique de Tulum et d’explorer un peu plus la plage. Nous tentons une seconde fois d’accéder à la zone du bord de mer entrevue la nuit précédente. C’est un phénomène cet endroit! Les hôtels cabañas chics se sont accaparés l'accès à la mer. Nous ne pouvons pas nous y rendre même en usant de ruse et en prenant une consommation à leurs bars. Nous croisons bien un ou deux accès mais pas moyen de stationner. Notre tentative de voir la plage échoue. Cependant, nous percevons une odeur de sulfure du genre oeuf pourri et nous apercevons plusieurs montagnes d’algues amoncelées sur le bord de la route. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agit des algues sargasses, un immense problème apparu autour de 2015. Voilà bien une preuve que, riche ou pauvre, nul n’est à l’abri des effets des changements climatique. Ne laissez pas les algues sargasses gâcher vos vacances
Bon maintenant, il est temps de visiter le site archéologique de Tulum. Nous sommes dimanche. C’est gratuit pour les Mexicains. L’endroit est peuplé de familles et c’est plaisant de déambuler au milieu du site en leur compagnie. Durant mon adolescence (il y plus de trente ans) j’étais venue avec ma famille et le contraste du site avec la mer turquoise en arrière plan était resté gravé dans ma mémoire. Bien que Marc n’y avait pas un intérêt particulier car il ne s’agit pas d’un site significatif dans l’histoire Maya, je tenais à y retourner avec lui. Cette fois, le contraste avec la mer n’est plus car les algues envahissantes teintent le rivage d’un brun sale. Lisez notre article sur le site archéologique de Tulum: Tulum: dernière cité de l’empire Maya
Nous y passons quelques heures agréables et nous finissons la visite dans un restaurant de bord de plage où le problème des algues est saisissant. Elles sont partout ! Après un repas de ceviche et de crevettes agrémenté de l’odeur d’oeufs pourris, nous décidons d’explorer le pueblo. Il est charmant. La vie mexicaine et les touristes s’y côtoient d’une agréable façon. Après avoir déambuler sur la rue principale aux milieu des petits hôtels, des restaurants et des boutiques, nous aboutissons à la Plaza Centrale où, à la tombée du jour, la vie reprend ses droits. Le bruissement des conversations des Mexicains y côtoient joliment le tintamarre des oiseaux tropicaux. Un moment magique!
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Le jour suivant, après un déjeuner dans le pueblo, nous décidons de visiter deux cénotes qui nous ont été recommandés: Car Wash et Zacil-Ha. Notre article sur les cénotes ici. Après des heures de bonheur immergés dans des eaux cristallines, nous nous apercevons qu’il est déjà rendu midi. Nous voulons nous rendre à Calakmul pour le soir. La route est longue. Environ 4 à 5 heures. L’itinéraire complet sur la carte interactive. Nous partons donc et empruntons la route principale (307) pour se rendre en direction de Chetumal jusqu’à la route 186 et de là, longer la frontière du Belize menant à notre point de départ pour les ruines de Calakmul, Xpujil. Je prends le volant, et à peine partie, roulant à une vitesse de près de 90 km heure, j’aperçois à la dernière minute un gros dos d’âne. Je pile sur les freins et provoque un bruit d’enfer. Cela m'empêche en rien de le traverser de plein fouet. Bonjour la suspension! Tout cela se produit devant un arrêt d’autobus rempli de gens. Pour la discrétion, on repassera. Je suis si secouée de cet incident que tout le long du voyage, chaque ombre ou mouvement sur la route, me feront croire à la présence d’un dos d’âne de sorte que je passerais mon temps à peser sur les freins.
Nous arrivons à Xpujil à la tombée du jours et nous arrêtons manger un morceau dans un restaurant où la nourriture est exécrable. Ce premier contact avec la ville nous convainc d’aller trouver notre bonheur plus loin, plus près de la route du site de Calakmul. Nous découvrons, grâce au recommandation de Rachel du blogue voyage Découverte monde, un véritable paradis. En tout cas, pour nous. Quatre familles mayas vivant sur un grand terrain en autosuffisance avec leur animaux en liberté, chiens, poules, cochons, et leur jardins. Ils y ont construit six petits cabañas pour arrondir leur fins de mois. Nous y sommes accueillis par les jappement d’un chien suivi de son aimable maître. Celui-ci nous accompagne aux cabañas. Dans le premier, une belle grosse tarentule bien dodue nous accueille. Voyant notre tête déconfite, notre hôte nous propose le cabañas voisin. C’est pas de refus. Bien que fascinée par ces petits être grouillants, j’avoue dormir mieux loin d’eux. Notre abri est composé d’une salle de bain, d’une chambre où se trouve lit, un ventilateur, un filet à moustiques, une table et une armoire. Dans l’entrée, une chaise, un hamac et des salamandres. Bienvenue chez les Mayas!
Je me réveille à l’aube au son de cinq coqs qui se répondent et des sacres de Marc. Nous allons prendre notre déjeuner sous un abri correspondant à une plate forme en béton avec un toit de palme. Un des membres des familles propriétaires, nous y attend. Nous discutons avec lui de sa vie. Il nous confie leurs inquiétudes face au manque de pluie pendant que son plus jeune joue à ses pieds et que ses autres enfants quittent pour l’école dans leur joli uniforme. Nous le quittons à regret car nous devons partir pour le site de Calakmul et cela prend du temps.
Dès l’entrée sur le chemin du site, nous sommes stupéfait par la beauté de la jungle. Nous devons rouler doucement car la voie est étroite, criblée de gros trous, tapissée ici et là d’arbres morts bloquant l’accès. Cependant, c’est la traversée des animaux sauvages qui constitue le plus grand risque. Plusieurs fois sur le trajet, de magnifiques dindons sauvages, des cerfs, des agoutis traversent nonchalamment la route. Nous rêvions d’apercevoir un jaguar ou un serpent, les rois du domaine, mais ce ne sera pas pour cette fois. Après plusieurs heures, nous parvenons enfin au site en pleine après-midi, sous un soleil cuisant. L’endroit est vaste mais, seul un quart environ est excavé.
Peu connu parce loin des lieux touristiques, il s’agit pourtant d’un des plus importants centres que la civilisation maya de la période classique précolombienne ait connu. On croit même qu’il surpasserait Tikal en puissance. Notre avis est que, ayant visité plusieurs sites avant lui, il est sans contredit le plus marquant de tous. Nous déambulons d’une structure à l’autre. Marc, passionné comme il est, fait le tour minutieusement de chacune, curieux de comprendre, de voir des particularités architecturales là où moi je vois surtout un tas de roches. Patiemment, je l’attends à l’ombre. Qu’elle chaleur! Nous aurons à peine assez de notre litre d’eau chacun. Notre but final est la grande pyramide. Plusieurs fois, devant une structure gigantesque, nous avons cru y être pour se rendre compte que ce n’était pas elle. Finalement, camouflée par la jungle, nous l’apercevons. Elle est si grande qu’elle se révèle à nous par morceaux. Ce n’est que directement à ses pieds que nous la voyons dans toute sa splendeur. Immense, gargantuesque. J’ai l'impression qu’elle va nous avaler. C’est à peine croyable. Remis de notre émotions, nous décidons d’atteindre son sommet. C’est plus facile à dire qu’à faire. Nous sommes si épuisés à mi-chemin que je dit à Marc de continuer sans moi. Mais réalisant que c’est une chance of a life time, je le rejoins tout de même au sommet. La vue est spectaculaire. Nous savourons le moment. Mais le temps passe et le site va fermer. Nous entamons la descente, doucement, car un faux pas peut être mortel tellement c’est haut et abrupte. Je conçois mieux le concept de sacrifice des gens qu’on jetait du haut des pyramides. À bout de force, nos genoux tremblent. À mi-chemin, une surprise nous attend: une douzaine de singes grimpés dans un arbre en train de souper et de nous observer. Cela nous redonne des forces et nous parvenons jusqu’en bas, sains et saufs. Nous quittons le parc et reprenons la route, heureux d’avoir vécu ce moment rare. Un de ceux qui nous rappellent combien c’est bon d’exister. L’article de Marc sur notre visite du site: Calakmul: Le royaume du serpent de l’empire Maya
Le lendemain, nous quittons avec regret nos amis des cabañas et repartons vers le nord. Vers Holbox plus exactement. La destination où nous planifions terminer nos vacances. Nos hôtes nous ont parlé d’un endroit qui s’appelle Bacalar. Notre curiosité nous pousse à nous y arrêter pour dîner. Il s’agit d’un village qui borde une immense lagune. Sans idée ni attente, nous nous y rendons. Dès l’entrée dans le village, la lagune nous apparaît dans toute sa splendeur, immense, d’un bleu indescriptible.
Nous stationnons la voiture près du parc central et nous nous rendons dans un restaurant sur le bord de la lagune pour y manger et admirer le paysage. Je suis alors obsédée par une seule idée, plonger! Tel une enfant tapant du pied, je dis à Marc: je vais me baigner et rien ne va m’en empêcher! Marc me répond: Bien vas-y câlisse! Il décide, quant à lui d'aller visiter la forteresse espagnole construite pour se protéger des pirates (lui pis ces roches!). Je me rends au bout d’un quai aménagé et je plonge dans cette immense piscine au sable fin. L’eau n’est pas salée. J’y reste une heure que j’aurais prolonger volontier pour l’éternité. Au retour de Marc, je lui demande si nous devrions pas laisser tomber Holbox et finir nos vacances ici? Cependant, après réflexion, nous décidons d’en rester à notre plan initial et de repartir vers le nord. Tour à Bacalar par Getyourguide
J’espère que ce joyau ne sera pas, dans un futur proche, dénaturé par une trop grande popularité. Pour le moment, c’est surtout les mexicains qui en profitent. Il y a un bel équilibre entre le développement du coin, la préservation de la nature et le charme du village. Enfin, c’est ce que j’ai perçu. J’ai espoir que cela dure et que cela ne devienne pas un nouveau Cancun...
Nous arrivons finalement à Puerto Morelos en début de soirée, Nous trouvons un hôtel, soupons dans une délicieuse pizzeria et déambulons tranquillement dans le village. Bien qu’il se situe entre Playa del Carmen, et Cancun, il a encore une dimension et un charme plaisant. Le parfait arrêt pour couper notre longue route vers Holbox.
Dès le matin, nous nous rendons porter la voiture à l'aéroport de Cancun. Tout se fait sans difficultés. Je redoutais qu’ils y trouvent des défauts suite à notre expédition à Calakmul et aux infernaux dos d’ânes. Mais non, tout était parfait. Nous prenons ensuite l’autobus pour nous rendre à la station de bus du centre de Cancun pour ensuite prendre un nouveau bus pour Chiquila.
Rendus au village de Chiquila, nous empruntons un traversier qui nous mène à Holbox. Le pueblo est au centre d’un bras de terre qui communique avec le continent mais qui est accessible seulement par bateau. Il fait partie de la réserve naturelle Yum-Balam car il est l’habitat d’une belle variété d’espèces d’oiseaux et marines dont le flamand rose, le requin baleine et la tortue de mer. Dès notre arrivée, l'atmosphère relax du petit village nous envahi. Je sens tout de suite que nous avons bien choisi l’endroit pour clôturer notre voyage. Encore relativement peu fréquenté comparativement à la Riviera Maya, c’est une petit paradis. Nous y passerons un cinq jours de pure bonheur où nous profiterons de la mer chaude et du soleil. Notre article complet sur Holbox sera publié dans quelques jours.
Voilà, ce voyage était tout simplement parfait. Presque trop facile comme dirait Marc. Un dix jours de rêve, plein de découvertes surtout en lien à la civilisation Maya et à la nature. Une population super attachante et serviable, des paysages à couper le souffle, une gastronomie délicieuse, des paradis de baignades en tous genres. Le parfait endroit pour celui ou celle qui cherche à vivre l’aventure et le dépaysement sans les désagréments. Bref, nous vous recommandons sans hésiter d’y aller durant vos vacances. Seul, en couple ou en famille, vous ne le regretterez pas. Et vous, comment c’est passé votre séjour au Yucatan? Nous aimerions bien le savoir.
Tous les détails de notre voyage avec la carte interactive