Mon "coming out"
Mon coming out
Ça y est. Nous sommes à un an et demi de notre départ. Départ de cette vie qui ne me ressemble aucunement. Ressemble-t-elle a des gens? Aussi surprenant que cela me paraît, il semblerait bien que oui. Aussi loin que je me souvienne, j’ai observé avec envie ceux, beaucoup, qui se meuvent dans cette réalité avec aisance, légèreté, bonheur. Je les ai profondément jalousés. Je les ai même parfois haïs et pourtant, j’ai tant essayé d’être comme eux. Essayé très fort... Je me suis perdue de multiples fois dans cette quête de leur ressembler. Frustrations, peines, doutes, dépression. Ça m’a mené nulle part. J’ai du prendre tous ces détours pour aujourd’hui admettre que c’est peine perdue. Ce n’est pas pour moi. Ça n’a jamais été pour moi. Le courant de ma véritable nature de nomade est trop fort. Il ne sert à rien d’essayer de le comprendre, de le décortiquer. Il est là qui pousse et pousse telle un tsunami et je ne suis plus capable de lui résister. La véritable question est pourquoi ai-je perdu tant d’énergie et de temps à le contenir. Je n’ai pas cette réponse et je ne l’aurais probablement jamais. Pas de regret. C’est ainsi.
Pour survivre dans ma volonté de m’enraciner, j’ai fait des sauts entre ma véritable nature et ma vie de sédentaire. Comme deux entités dans une même personne. Aujourd’hui, je fais mon coming out. Fini d’essayer. Fini ma double vie pour survivre. Je suis inadéquate pour ce monde, ce moule. D’accord, je l’assume. Je le confirme. Je brise les barreaux de ma cage et je m’envole. Les chaînes de mes peurs et de mes doutes nourris par mon environnement ne me retiendront plus. C’est cela ou mourir. Partir ou mourir un peu. Je le sais depuis la nuit de mon temps. Je l’ai senti dès l’enfance. J’étais juste trop pissou pour l’admettre. Je suis rendue à la mi-temps de mon existence et il est temps pour moi de me choisir. Fille, mère, amante, je suis tout cela, c’est vrai. Mais je suis d’abord et avant tout voyageuse, errante, itinérante, vagabonde, exploratrice, aventurière. Fille d’Ulysse, de Magellan, de Cook, de Bougainville. Soeur d’Alexandra David Néel, d'Ella Maillart. La femme nomade.
Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer la sédentarité?
Qui a décidé que c’était cela la normalité pour l’être humain?
Si cela veut dire que je dois sortir de la normalité alors soit, je le ferais. Je mets les balises de ma renaissance. Je mets les voiles vers ma véritable essence. Je pars. dans un peu plus d’un an. D’ici là, chaque jour sera un pas de plus vers cette destinée.
Et vous, comment va votre vie de sédentaire? L’aimez-vous? Y êtes-vous confortables ou comme moi, vous avancez contre votre nature? Et si oui, quels sont vos trucs pour y arriver? J’aimerais bien le savoir.