L’Inca trail, Machu Picchu: extrait de mon carnet de voyage

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Le Machu Picchu est un incontournable pour quiconque se rend au Pérou. Étant considéré comme l’une des sept nouvelles Merveilles du monde et attirant plus de 1 500 000 visiteurs par année, je vous suggère de vous y rendre assez rapidement car, afin de préserver le site, les autorités imposent de plus en plus de restrictions limitant son accès.

Il y a plusieurs façons d’atteindre le Machu Picchu pour le visiter mais ici je vous raconterai mon expérience en trek sur le chemin de l’Inca (l’Inca trail).

Plusieurs chemins Inca mènent au Machu Picchu. Ici, je parle du parcours classique de 43 km sur 4 jours. Les autres options qui s’offrent à vous peuvent être moins chers et moins fréquentées. Que ce soit le Salkantay qui se fait aussi en quatre jours, le Lares ou le Huchuy Qosqo, vous aurez le plaisir de marcher en altitude et de découvrir d’autres sites archéologiques Incas tout aussi enchanteurs.

Infos pratiques

Vous ne pouvez pas parcourir les chemins de l’Inca par vous-même. Vous devez être en possession d’un permis délivré par le gouvernement péruvien et voyager avec un tour opérateur officiel. Tout est réglementé et les places sont limitées. Pour voir la disponibilité des permis sur le site officiel du Machu Picchu (en espagnol): https://www.machupicchu.gob.pe/inicio

Seulement 500 permis sont alloués par jour, pour un nombre de 200 touristes et 300 guides et porteurs. Le but étant d’essayer de préserver le chemin et son écosystème adjacent. Prenez note que votre tour opérateur se charge habituellement de vous obtenir votre permis.

Notez aussi que le chemin de l’Inca est fermé tout le mois de février dû aux fortes pluies à cette période de l’année.

Les prix varies d’une agence à l’autre mais comptez minimum 650$ US pour le tarif de base. Vous pouvez ajouter à ce montant les frais pour vos porteurs (les prix varient selon l’agence) et les pourboires en fin de parcours, non-obligatoire mais fortement recommandé.

En moyenne, 4000 personnes visitent le Machu Picchu chaque jour. Lors des journées de fort achalandage on peut en compter plus de 6000. Gardez à l’esprit que votre présence sur le site a un impact même si vous êtes très respectueux de votre environnement.

Avertissement: Le texte qui suit est une retranscription de mon aventure de l’Inca trail tel que noté à chaud dans mon carnet de voyage de l’époque (septembre 2002) avec mon langage quelquefois cru, quelquefois arrogant et limite intransigeant mais tout de même teinté d’humour. Je n’ai rien changé au texte original autre que la correction de fautes d’orthographe et quelques adaptations pour la clarté du texte. Vous noterez aussi que j’ai eu bien de la difficulté à m’adapter à la méthode péruvienne. Manque d’expérience et de flexibilité de ma part et exaspération après plus d’un mois de mésaventures.

Introduction

17 septembre 2002, journée d’organisation. C’est-à-dire, nous avons trouvé notre tour opérateur pour le trek. Ça nous a couté 405$ US pour 2 personnes et ça inclut nos porteurs et nos permis. Pas mal moins cher que le prix de 2019. On s’est aussi procuré des tuques de laine, des gants, des ponchos pour rester au sec en cas de pluie et quelques grignotines non fournis par le tour opérateur.

Carnet de voyage

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18 septembre 2002

… on s’est couché tôt car on se lève à 3h45 AM pour prendre une douche et se préparer pour être prêt à partir à 4h30 AM. Un bus de l’agence doit venir nous chercher.

19 septembre, jour #1

3h45 AM. C’est vraiment très tôt! Avant de me coucher, j’avais ouvert le réservoir d’eau chaude pour pouvoir prendre ma douche en me levant. Allez, debout, je saute dans la douche. Fuck! Y’a pas d’eau. Pas d’eau du tout. Les tuyaux sont vides. Sacrament, je pars en trek pour 4 jours où je ne pourrai pas me laver et je n’ai même pas d’eau pour le faire avant de partir. Maudit pays broche à foin! (j’ai déjà vécu plusieurs expériences désagréables dans ce pays avant ce jour.)

À 4h25 AM, on est prêt et on quitte la chambre. Le bus qui devait venir nous chercher à 4h30 n’arrive qu’à 5h00. Ça fait juste 1h15 que je suis debout, le soleil n’est pas encore levé pis ça fait deux affaires tout croche qui arrivent.

On passe d’hôtels en hôtels pour ramasser tout un groupe de trekker ben endormi. Ça y est, le bus est plein. On quitte la ville.

À peine sorti de la ville, le bus manque de gaz. C’est la troisième affaire en deux heures. Je remplace mon envie de dormir par un envie de tuer. Tuer n’importe qui du moment que c’est un péruvien...

Trois heures plus tard…

On y est! Un beau stationnement rempli d’autobus et d’environ 300 trekkers, 150 porteur, 50 guides et assistants en plus des vendeurs de cochonneries. (le nombre de permis était un peu différent en 2002).Ça te brise un rêve de tranquillité dans la nature et les montagnes.

Notre groupe se compose de douze trekkers, une guide, une assistante, douze porteurs et un cuisinier. Ça fait du monde à messe!

Les porteurs préparent une petite table avec chaises pliantes et le déjeuner est servi. Comme ça, en plein milieu du parking d’autobus. On déjeune, et là, il commence à faire chaud. Ça faisait trois jours qu’on se gelait le cul à Cuzco alors on a mis nos sous-vêtements pour aller en trekking mais on doit les enlever car c’est vraiment trop chaud. Donc, direction salle de bain car on ne se change pas dans la salle à manger (parking).

Bon, un autre affaire! 50 centimes pour aller aux toilettes. J’m’en sortirai jamais!

Là, on est presque prêt à partir sauf que le café du déjeuner à fait son effet. Je n’ai pas besoin d’en dire plus pour vous faire comprendre que ça m’a coûté un autre 50 centimes…

Nous y voici. Kilomètre 82. Début du chemin de l’Inca. On vérifie nos billets, la liste des trekkers ainsi que nos passeport. Taboire, on s’en va dans le bois, pas besoin de vous inquiéter, on ne le volera pas votre chemin de l’Inca.

Ça commence par un pont suspendu en planches de bois pas très rassurantes. On va longer la rivière Urubamba pendant quelques heures dans un sentier assez large. C’est beau et pas trop difficile. C’est la grande forme et le temps est magnifique.

Sur le sentier, on traverse quelques villages de deux ou trois maisons et on arrête pour se reposer et boire de la chicha. C’est un alcool fait à partir du maïs que les Incas buvaient et que les gens du coin boivent encore aujourd’hui. Ça a un goût unique et pas mauvais du tout.

Notre première journée se passe en montées et descentes pendant environ six heures pour six kilomètres de sentier. Ça donne une petite idée de la difficulté et pourtant c’est la portion la plus facile. Elle se termine dans un village de deux maisons, une famille, un chien, un chat, un coq, quelques poulets et une tente manquante. Et oui, il n’y a pas assez de tentes pour tout le monde. Je suis sur le point d’exploser…

Après avoir réussi à trouver une place à coucher à tout ce beau monde, on nous sert à souper: crème d’asperge en entrée et plat de truite entière avec la tête. Par chance, c’est délicieux. En plus, la lune se lève et elle est presque pleine et éclaire les montagnes qui nous entourent. Dans la soirée, on retrouve Sylvain et Joëlle (amis rencontrés lors de ce voyage) qui sont au campement d’à côté et ils ont l’air bien fatigué.

20 septembre, jour #2

On se fait réveiller à 6h00 AM et on nous sert un maté de coca dans la tente. Évidemment, une tente ce n’est pas bien grand alors j’ai renversé les deux verres plein et il y en avait partout. Ça part mal la journée!

Une fois le dégât ramassé et nos effets personnels préparés, on prend un déjeuner communautaire. On a bien dormi et on a bien manger alors on est prêt à bien marcher.

Le jour #2 c’est 12 km de distance et 1300m de dénivelé. On va passer un col à 4198 mètre. Ça représente cinq heures de marche. Il fait beau et ça monte. On traverse une forêt et on suit un cour d’eau. La fatigue se fait sentir dès les premières heures. C’est pas facile! On avance pas vite. À vrai dire, on est pas mal les derniers.

Soudain on rejoint Joëlle et Sylvain qui sont à bout. Le moral est au plus bas et de se retrouver entre amis nous fait du bien à tous. Le sentier est en grosses pierres plates et c’est assez ardu. Sylvain avait acheté deux sacs de feuilles de coca et il m’en donne un. C’est supposé donner de l’énergie sauf que je trouve que ça donne seulement mauvaise haleine. On parle ensemble et ça semble lui redonner le moral. Pourtant, plus on avance et plus c’est dur. Malgré tout, je ne suis pas trop fatigué car depuis le début, je suis sur le rythme de Karine (ma conjointe de l’époque) qui trouve ça démoniaque. Et maintenant, on va au rythme de Sylvain et Joëlle.

Enfin, après cinq heures de marche on atteint le haut du col. On est les derniers de notre groupe. Ça fait trente minutes qu’ils nous attendent. Leur rythme plus rapide à fait qu’après le dîner, ils tombent tous endormis dans l’herbe. Et moi, je monte un peu plus haut pour prendre des photos.

Quand on repart pour le campement de la nuit à environs deux heures de marche, ça descend et Karine se sent très à l’aise. Au point qu’on dépasse des membres de notre groupe qui en reste bouche bée. Ça fait du bien à l’égo de ne pas toujours être en arrière. Karine est bien contente…

On arrive enfin au campement. Une vrai ville. On dirait même le camp de base de l’Everest. Tous les trekkers, les guides, les porteurs, les tentes et des bâtiments sanitaires. C’est impressionnant! Le campement est dans une petite vallée et les nuages ne tardent pas à nous envahir. C’est beau mais froid et humide.

On soupe et on se couche car la journée à été dur. C’est presque la pleine lune et on la regarde se lever. Malheureusement, aussitôt levée, elle disparaît dans l’épaisse couche de nuage.


21 septembre, jour #3

6h00 AM encore une fois! Criss, c’est pas une heure pour se lever en vacances. Karine à l’impression d’être dans un camp militaire; debout à 6h00, mange ta soupe, marche pis ferme ta gueule… Elle n’a pas très bien dormi et elle a surement peur que je renverse le maté de coca encore une fois.

On va encore déjeuner dans la tente qui est juste bonne pour six personnes avec une table bonne pour quatre. On a pas de place à se bouger depuis deux jours et là ça commence à peser lourd. En plus, il fait super humide car on est dans les nuages. Je n’ai pas très faim et Karine non plus. En fait, elle ne se sent pas très bien.

7h30 AM. En avant marche!

Ça commence par une montée jusqu’à 3900 m qui devrait durer quarante minutes. Ça a pris 1h30.

Vers 11h00 AM la pluie se met de la partie. On sort nos supers ponchos. Karine à l’air d’une peppermint rose et moi d’un sac poubelle Glad. C’est pas ben l’fun. On ne voit même pas de beaux paysages car on est à la hauteur des nuages. En plus, Karine à mal au coeur et au ventre. C’est peut-être dû à l’altitude ou un virus ou encore le stress et la fatigue, qui sait?

On arrive finalement à des ruines après 2h00 de marche qui étaient supposés être 2h00 de marche pour le campement du dîner. On apprend alors qu’on est à 2h00 de marche du dîner. Je commence à avoir notre guide de travers dans l’cul… (Je saute une partie de la retranscription pour des raison éthique. Mais sachez qu’à la fin du trek au Machu Picchu, l’ensemble du groupe quittera cette guide qui passe son temps à nous donner des informations fausses ou erronées.)

Après 2h00 / 2h30 de marche à la pluie, on arrive au campement du dîner. Karine est écoeurée, la tente pour dîner est percée, coule de partout et la bouffe est de moins en moins bonne.

Voilà! Karine quitte la tente en courant pour aller caller l’orignal. Ça l’air de lui avoir fait du bien. Du moins en apparence.

Il pleut toujours et on doit repartir. Karine se sent comme dans le livre de Stephen King ‘’Marche ou crève’’. Le moral est à zéro! Elle n’en peut plus. Elle a même la tourista. La voici assise dans le bois sur le bord du sentier, culotte baissée, poncho retroussé, qui me demande s’il y a du monde qui arrive. Et oui, il passe environ 20 personnes avant qu’elle ne puisse se soulager.

La pluie finit par cesser et le soleil apparaît mais pas pour Karine qui veut reprendre l’avion pour Montréal.

Ça descend, 1h30/2h00 de descente en escalier. Nos genoux n’en peuvent plus. On ne voit pas le bout du chemin.

Enfin, le campement. Hôtel, restaurant, douche et plein de monde. Beaucoup de monde. “Sprite”, biscuits “Rits” et “Snikers”. Notre récompense!

Karine ne soupe pas et va se coucher. Moi, je rencontre Sylvain et Joëlle qui sont à bout de nerf et de fatigue. Leur sac de couchage sont mouillés et leur bouffe n’est pas bonne. Il est temps que ça finisse.

22 septembre, jour#4

4h00 AM! C’est de pire en pire! Boit ton maté, mange ta crêpe, ramasse tes affaires et en avant marche!

250 trekkers en fil indienne sur l’autoroute de l’Inca qui montent la dernière côte pour voir le soleil se lever sur le Machu Picchu.

J’ai atteint le point de vue panoramique sur le Machu Picchu et un rêve de jeunesse. Pourtant, je ne ressens rien de différent. On regarde le soleil se lever et on continu jusqu’au site tant convoité.

Ce qui m’impressionne, c’est la grosseur du site. Une ville, toute de roche vêtue. C’est bien construit et c’est tout. On a fait la visite et la guide nous a dit un paquet de niaiserie alors j’ai décidé de m’acheter un livre sur le sujet quand on sera de retour à Lima.

Malgré mes frustrations, la difficulté du terrain, l’altitude, la faim, la soif et l’organisation quelquefois boiteuse des péruviens, je vous recommande fortement de vivre cette aventure du chemin de l’Inca. Peu importe la route que vous choisirez, vous y emmagasinerez des souvenir fort (bon et mauvais), qui feront partis de votre histoire de vie à tout jamais

Moral de cette histoire: ce qui fait la richesse de nos voyages n’est pas la destination mais les chemins qu’on parcours et les aventures qui nous rendent meilleur.


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