Nomades-X

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Cambodge, misères et splendeurs.

Il y a quelques années, j’assistais à un cours de communication à l’UQAM et notre enseignant nous a recommandé des films traitant du journalisme en zone de guerre. Parmi ces films, The killing Field, fut pour moi une véritable révélation. Je ne connaissais rien du Cambodge, des Khmers Rouges et des atrocités que ce peuple a vécues. Je me suis alors passionnée sur le sujet et j’ai lu plusieurs récits. Plus je me documentais plus je m’apercevais que je n’y comprenais rien. Comment un peuple peut-il se faire cela à lui-même? Au printemps 2010, alors que je bénéficiais d'un mois de vacances, je me décidais, ramassais mes aeroplans et partais en direction du Cambodge. Je pris un vol pour Hanoï, beaucoup moins cher, et ce fut mon point de départ pour un voyage extraordinaire dont voici le récit.

Contexte

Je suis partie un mois, seule, au printemps 2010 avec un budget d’environ 2000$, excluant le billet d’avion qui a été payé avec mes aeroplans.

Itinéraire : Montréal, Hanoi, Baie d’Halong, Quy Nhon, Pleiku, Banlung, Phnom Penh, Siem Reap, Angkor Vat, Kampot, Kep, Sihanoukville, Otres Beach, Ile de Koh Rong, Bangkok, Montréal.

Hanoi

J’arrive à Hanoi, ma première incursion dans le monde asiatique. La ville se révèle être pareille à ce que j’avais imaginée avec cette douceur, cette lumière particulière, humide, diffuse, brouillardeuse. Des gens, partout, mais discrets comme des spectres gracieux. Je me promène autour du Lac Hoan Kiem et je me sens comme dans une esquisse vivante avec des arbres en fleurs, des ombrelles et des amoureux. J’y passe quelques jours pour m’acclimater à ce monde nouveau, sillonnant les rues, visitant les temples, les marchés. Tout est différent, surtout dans les marchés. Je ne reconnais aucun légume et, que dire de l’étal de chiens… Un choc, une fascination. Je baigne dans l’étrangeté et c’est comme cela que je me sens bien.

Baie d’Halong

Avant de me diriger vers le Cambodge, j’en profite pour remonter vers le nord et visiter la célèbre Baie d’Halong. C’est un repère de touristes. Tout y est organisé pour eux. Je prends place dans une gigantesque file de badauds qui attendent qu’on leur assigne une jonque (bateau) pour explorer la Baie. Bien qu’il soit très touristique, ce périple vaut mille fois le détour. Je passe une journée à contempler, installée sur le pont, un paysage qui restera gravé dans ma mémoire.

L’étape suivante consiste à me rendre au Cambodge. Je prends place dans le train qui longe la côte de la mer de Chine pour me rendre à Hô-Chi-Minh-Ville (anciennement Saïgon), porte d’entrée classique pour aller au Cambodge. Cependant, en observant la carte, je me rends compte que ce serait beaucoup plus direct si je débarquerais à mi-chemin, dans une petite ville nommée Quy Nhon, et que je passerais par la ville de Pleiku pour entrer par le nord à la frontière de Ratanakiri. Le Lonely Planet indique qu’ils n’ont pas d’information sur cette frontière et qu’elle n’est peut-être pas accessible. Sur un coup de tête, je tente ma chance, je débarque du train et m’y rends comme je peux (autobus). Il me faut passer une nuit à Pleiku car l’accès est fermé pour cause d’ouverture officielle avec le roi et ses magistrats. Je traverse donc le lendemain, sans embûche, ce poste frontalier inauguré en grande pompe la veille.

Province de Ratanakiri

Peu de temps après, j’entre dans le petit village sympathique de Banlung, seul endroit organisé dans les environs. Je sens déjà une différence avec le Vietnam. Les habitants sont plus métissés. Leur histoire m’apprendra qu’ils ont eu de nombreux contacts avec les indiens et leur physionomie, moins bridée et plus bronzée, en fait foi. Ils ont aussi ce petit quelque chose de décontracté qui me les rend plus facile d’approche contrairement au Vietnamiens qui sont de véritables fourmis. De quoi développer des complexes aux adeptes, comme moi, de procrastination.

La région de Ratanakiri est, à ce que l’on dit, la plus pittoresque et préservée du pays. On y vient pour profiter de ses attraits naturels comme les chutes d’eau, le lac de cratère Yak Loum et pour visiter les villages traditionnels des Khmer Loeu ("Khmer d’en haut"). Je sens que ce petit joyaux ne tardera pas à être repéré par des hordes de touristes surtout avec ces nouvelles ouvertures frontalières. J’apprendrais plus tard que la progression de l’industrie touristique est exponentielle et a des effets désastreux surtout sur le mode de vie des communautés. La stratégie de développement encourage bien l’écotourisme mais cela ne suffit pas à préserver la quiétude de ses habitants.  Mais à ce moment là, je ne suis pas au courant des changement qui viendront.

J’engage donc les services d’un jeune guide à mobylette pour me faire voir le coin. Premier arrêt, le lac de cratère Yak Loum. Voyant quelques baigneurs sur la rive et n’y tenant plus avec la chaleur, je plonge pour le traverser à la nage. À mi chemin, je vois mon guide et les nageurs gesticuler et crier. Ne parlant pas la langue, je n’y comprends rien. J’ai alors une minute d’hésitation. Et s’il y avait un danger, un monstre pour moi inconnu? Je décide de ne plus y penser, puisque, de toute façon, je suis à mi-chemin. Je me rend sur l’autre rive où mon guide m’attend avec un regard admiratif qui m’emplit d'orgueil. Signifiait-il wow, elle est forte ou wow, elle n’a pas été mangé? On ne le saura jamais.

Deuxième arrêt, la visite d’un des villages traditionnels Khmers Loeu mentionnés plus haut. Les Khmers Loeu sont des peuples montagnards qui ont survécu à beaucoup de guerres et d’invasions. Leur existence, aujourd'hui, tient presque du miracle. Ils vivent dans des petits villages dirigés collectivement, contenant en moyenne 30 à 70 familles. Dans chaque village on retrouve une structure massive commune entourée de grandes maisons habitées par des familles élargies. Les frontons des maisons sont ornés de motifs géométriques de bambous tressés, dont la forme dépend de l’ethnie. On remarque aussi ces petites cabanes perchées qu’on appelle les maisons de célibataire construites à côté du foyer familiale. Elle ont le curieux usage de devenir la demeure des adolescents devenus pubères. Elles sont conçues pour leur permettre de vivre leur adolescence en toute intimité, encouragés d’y recevoir qui ils veulent quand ils veulent.

Instinctivement, je me sens mal à l’aise d’entrer dans leur sanctuaire. Mon guide m’assure que les habitants sont consentants mais qu’il faut faire preuve de discrétion et de respect. J’entre donc et prends quelques photos des bâtiments en restant à l’écart pour ne pas déranger.

Le Mékong

Quelques jours plus tard, je pars en direction de la capitale, prenant un bateau qui traverse le Mékong. Je suis accompagnée d’une vingtaine de touristes. La traversée est agréable. À mi-chemin, cependant, le niveau d’eau est si bas qu’il faut beaucoup d’ingéniosité à notre capitaine pour se frayer un passage. Il y parvient tout de même et, peu de temps après, nous contemplons la vie qui s’intensifie aux abords du fleuve avec des villages immergés, un essaim grandissant d’embarcations emplit de marchandises. Il est évident que nous approchons de Phnom Penh.

Phnom Penh

Ma première impression de cette ville, le chaos. C’est grand, grouillant de vie. Je tente de me faufiler pour me dénicher un véhicule afin de me rendre à l’hébergement que j’ai choisi. L’endroit est parfait et sera mon refuge pour quelques jours de sorte que j’apprivoise ce monstre urbain. Rappelons-le, le but de ce périple est de mieux comprendre l’histoire du pays, plus spécifiquement la période des Khmers Rouges. Je commence donc ma visite par deux endroits symboliques, le premier, le musée du génocide Tuol Sleng et le deuxième, le Killing field de Choeung Ek.

Le musée Tuol Sleng est installé dans l’ancienne prison S-21 la plus connue des 196 prisons que la dictature khmère rouge a disséminées à travers le Cambodge dans les années 1970. Dans ce seul endroit, près de 18 000 personnes ont été détenues et généralement exécutés. Les salles de classe servaient de cellules dans lesquelles une cinquantaine de personnes étaient entassées, allongées par terre, les pieds attachés à de longues barres de fer par des anneaux en fonte. D'autres étaient divisées en cellules individuelles. On les torturait pour obtenir de faux aveux. Une fois qu’on avait réussi, ils étaient menés au Killing Field de Choeung Ek et tués sans cérémonie. Il est désormais possible de visiter et de se recueillir au Choeung Ek, devenu un sanctuaire créé en la mémoire des morts.

Encore toute ébranlée de mes visites de la veille, je décide le lendemain de m’immerger dans la vie qui surgit de tous les coins de la ville. Je pars à pied mais rencontre une série d’obstacles : un, je suis incapable de me repérer avec les noms de rues écrit en Khmer; deux, je suis assaillie par les tuk tuk et les motos qui veulent à tout prix que je prenne leur transport; trois, les trottoirs sont impraticables et quatre, la chaleur est insupportables. Je me liquéfie sous le regard amusé de mes hôtes. Pour survivre, j’entre tout les 30 minutes dans les cafés climatisés afin de prendre quelque chose, n'importe quoi, pourvu que je bénéficie de fraîcheur. Je saisi finalement pourquoi personne ne marche et je capitule. Je passerais le reste de mon séjour en véhicule de tout genre pour me rendre entre autre au Palais Royal, à la Pagode d’Argent et au Marché Central (Phsar Thmey).

Siem Reap et Angkor Vat

La prochaine étape de mon voyage est la visite du célèbre temple d’Angkor Vat. Pour se faire, il faut partir de Siem Reap, une jolie ville organisée autour du tourisme mais d’une façon plaisante et équilibrée. On y trouve des hébergements, des restaurants et une panoplie de services pour tous les goûts et toutes les bourses. On peut aussi y voir un très beau marché central, abri d’une multitude de kiosques à souvenirs. J’y déambule des heures durant et je m’inscrit à un cours de cuisine Khmer. Ma soirée se termine à l’orphelinat afin d’assister à un spectacle de danse exécutée par les orphelins, activité qui aurait l’objectif de financer l’orphelinat.

Le lendemain, je consacre ma journée à visiter le temple Angkor Vat. Il est immense, magnifique. Je ne peux l’apprécier à sa juste valeur car je n’ai ni guide ni livre et il faut généralement au moins deux journées entières. Je le regrette aujourd’hui. La civilisation Khmer est si riche. J’y retournerai peut-être. Voici tout de même les grandes lignes à connaître sur ce site: Angkor Vat qui est le plus grand des temples de la civilisation d'Angkor. Il fut construit par Suryavarman II au début du XIIe siècle en tant que «temple d'État». Initialement hindou et dédié à Vishnou, il fut ensuite bouddhiste. Aujourd’hui, le temple est admiré pour la grandeur, l'harmonie de son architecture et les nombreux bas-reliefs qui ornent ses murs. Sa beauté et sa taille sont telles que beaucoup le considèrent comme la huitième merveille du monde. Il est classé au patrimoine mondiale de l’UNESCO.

Kampot et Kep

Attirée viscéralement par l’eau, je me dirige ensuite vers la côte, plus précisément sur les rives du Golfe de Thaïlande. D’abord, je choisi de visiter la jolie petite ville de Kampot reconnue pour son poivre d’exception et j’y fait, évidemment, la visite d’une plantation. Je conclu la journée en dégustant le meilleur crabe aux poivres verts du monde et ce, dans un décors tout aussi mémorable, un petit restaurant donnant directement sur la mer. Tout près de là se trouve la charmante ville de Kep avec ses airs coloniaux. Une limonade sur la terrasse vous transportera en un clin d’oeil à l’époque de l’Indochine.

Sihanoukville et Otres Beach

Voici poindre à l’horizon la fin de mon voyage. J’ai alors l’habitude de recharger mes batteries dans la mer. Je prends donc la direction de la ville balnéaire de Sihanoukville. Le Lonely Planet recommande de s'installer à l’écart, à Otres Beach. C’est une bonne idée. L’endroit, charmant, est moins imprégné de cet aura de tourisme sexuel qui plane très désagréablement dans le coin. Bien que le gouvernement dit faire des actions contre ce phénomène, le Cambodge est une des capitales du tourisme sexuel et Sihanoukville en est le coeur. Un grands nombres d'occidentaux, surtout d’âge mûr, semblent y être à la recherche de chair fraîche. Et considérant la pauvreté, de la chair fraîche, ils en trouvent. Il y a bien une loi depuis 2008 où ce crime est passible de 7 à 15 ans de prison sans mentionner l’expulsion et les sentences dans le pays d’origine. Mais cela semble dans les moeurs au point que certains jeunes me confieront aspirer à devenir prostitué pour le côté glamour que cela procure: les sorties, l’argent, les vêtements etc. Sans parler de l’aide monétaire donné aux familles. C’est un contexte très complexe que j’aurai à peine effleuré en trois jours.

Île de Koh Rong

Situé à environ 20 km de la côte de Sihanoukville se trouvent des Îles paradisiaques. J’embarque donc pour une traversée de trois heures pour l'île Koh Rong, la plus isolé qui m’est été donnée de voir dans ma vie. Véritablement un décors de Lost (la série télé). C’est le paradis, la mer, la jungle, un petit village de pêcheurs, peu de voyageurs (à cette époque). J’y resterais environ trois nuits. La chose la plus inusité qui m’y soit arrivée est de déguster un café sous un abri de cocotier au coeur de la jungle et qu’un gros scorpion bien gras, bien noir, tombe sur la table à quelque centimètre de ma tasse. J’ai fait le saut comme jamais dans ma vie et le propriétaire de l’endroit est accouru, prenant le bestiole par la queue et la balançant dans la jungle sans plus de cérémonie.

Tout voyage a une fin. Je dois revenir. Je reprends le bateau et un bus de Sihanoukville pour Bangkok où je prendrais mon vol de retour. Durant mon séjour sur la plage, j’ai été littéralement dévorée par des puces de sables. Résultat, je passe la durée du trajet malade. J'arrive dans la fureur de Bangkok, fiévreuse. impatiente. La douceur du Cambodge me manque déjà. Une effervescence envahi la place car il y a les manifestations des chemises rouges qui font en sorte que la moitié de la ville est bloquée et il y a, de surcroit, le nouvel an chinois qui, dans d’autres circonstances m’aurait enchantée. Mais là, j’ai du mal a mettre un pied devant l’autre et me faire arroser et imbiber d’eau ne m’amuse pas beaucoup. Je me précipite dans ma chambre d'hôtel, couverte de sueur glacée. Résultat, bien que je m’y trouve pendant un moment d'actualité important, (les manifestations des Chemises Rouges), je ne vois pas beaucoup Bangkok et je repars quelques jours plus tard vers Montréal.

Conclusion, le Cambodge est un pays merveilleux à découvrir absolument.  Allez-y sans crainte. Vous reviendrez enchantés. Et vous, quelle a été votre impression du Cambodge?

Film à voir avant de se rendre au Cambodge

  • The killing Field (La déchirure ): film britannique réalisé par Rithy Panh,, sorti en 1984.

  • Fictions du réalisateur cambodgien Rithy Panh, rescapé des Khmers rouges; Un barrage contre le pacifique (2008); Un soir après la guerre (1998); les gens de la rizière (1994) Et son documentaire S21, la machine de mort Khmère rouge (2000)

À ramener avec soi

  • Du poivre de Kampot

  • Des articles en soie

  • Des vêtements de bambou

  • Des Kramas

  • Du Textile

  • Des Sculptures en bois ou Pierre représentant les déesses Khmer

  • Des bijoux

  • Des articles du magasin Senteurs de Angkor

Quelques courtoisies cambodgiennes

  • Saluer les gens en joignant les main et en faisant un petit signe de tête.

  • Ne jamais toucher la tête de quelqu'un.

  • Enlever ses souliers et son chapeau dans les temples, endroits sacrés et devant un moine.

  • Ne pas se minoucher en public.

  • Ne pas parler fort en public surtout dans les endroits sacrés.

  • Une femme ne doit pas toucher la robe d’un moine.

  • Demander la permission avant d’entrer dans un village indigène

Perles du Cambodge

Le tigre de papier

École de cuisine ou j’ai suivi mes cours et restaurant de cuisine cambodgienne.

Ils offrent 3h de cours incluant une visite du marché, un cours de cuisine et un repas

Siem reap


Senteurs d’Angkor

Un endroit pour découvrir et acheter une large sélection de produits du Cambodge autour du thème des senteurs du pays (thé, épices, huiles, savons, enveloppés dans des matériaux originaux comme des feuilles de palmier, articles de décoration, modes et tissus). Ne pas manquer la visite de l’atelier de fabrication.


Orphelinat de Siem Reap

performance de danse Khmer

www.acodo.org

voir des performances et contribuer à financer l’orphelinat.


Royal guest House

Endroit agréable, honnête et bien situé pour loger dans la capitale

Phnom Penh, Cambodge


Bambou Company Indochine

Six boutiques de vêtements à base de bambou

Siem Reap et Phnom Penh


Tree top eco-lodge

Ratanakiri Banlung


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