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Le train Hershey. Cuba

Au moment de publier ce texte, j’ai appris que le train est en panne depuis octobre 2018 et personne ne semble savoir s’il reprendra du service bientôt ou si la situation sera permanente. Si vous des informations concernant l’état du service, prière de nous en informer. Merci.

Nous sommes fin février et, comme beaucoup de québécois, vous vous préparez sans doute pour vos vacances de la relâche scolaire. Plusieurs d’entre vous irons terminer le dur hivers 2018/2019 sur les magnifiques plages des frères Castro et j’ai nommé Cuba.

Oh que oui, un beau forfait tout inclus, hôtel, repas, piscine, plage et ‘’drinks’’ à volonté… Le rêve! Vous ferez aussi peut-être quelques activités qu’il vous faudra payer, comme une sorti en mer en catamaran pour faire de la plongée ou une visite guidée du vieux quartier de la Havane (la magnifique capitale) ou encore la visite de Matanza près de Varadero avec baignade à ‘’cuevas de bellamar’’.

Ici, je ne vous parlerai pas des tout inclus. Vous savez déjà ce que c’est. Notre but étant toujours de vous faire découvrir autre chose même si c’est dans des lieux que vous connaissez déjà. Donc, laissez-moi vous parler de notre aventure du train Hershey. J’espère que vous irez l’essayer et que vous nous en donnerai des nouvelles.

Bungalow Playa Jibacoa

Voilà, nous étions dans un tout inclus à Playa Jibacoa. Ce lieu est situé à mi-chemin entre Varadero et la Havane. Seulement deux “resorts” desservent cette plage, un assez chic et le nôtre, un peu en décrépitude mais comprenant de petits bungalows sympathiques donnant sur la plage. Pour nous, c’était le paradis!

Si vous nous connaissez un peu, vous savez déjà qu’on est pas du genre à passer 14 jours dans un tout inclus à faire la crêpe sur la plage, boire des cocktails jusqu’au soir, finir ça en party avec les employés de l’hôtel et se réveiller le lendemain avec une gueule de bois mémorable. Non! On veut voir du pays.

Donc, nous voici parti pour la Havane, en taxi (trouvé au “resort” d’à côté). Notre but, explorer cette ville que nous n’avions jamais vu. Cette ville a un charme unique qui n’existe nulle part ailleurs mais ce n’est pas le but de cet article. On dormira chez l’habitant (casa particular) pour quatre jours avant de revenir.

Le retour, voilà le but de cette histoire.

On repartira de la Havane en train vers Jibacoa. Nous prendrons le “Hershey train” mais d’abords, un peu d’histoire.

Le train Hershey pour passager

Hershey. Le nom vous dit déjà quelque chose? Oui, le chocolat, Hershey. À l’origine, le “Hershey Electric Railway” construit aux environs de 1916 servait à transporter le sucre de l’île vers le port de la Havane. Encore en fonction aujourd’hui, il sert surtout au transport des passagers entre la Havane et la ville de Matanza.

Vous l’avez compris, on veut faire le trajet dans ce train où les touristes ne mettent jamais les pieds. Et ça ne se passera pas tout à fait comme on l’imaginait.

Du vieux Havane, on va prendre le ferry au bord de la baie de la Havane au coin de la rue Santa Clara et Ave. Del Puerto. Ça coûte presque rien et vous traversez la baie jusqu’à la station de train Casablanca de l’autre côté. Il y a un vieux wagon que vous pouvez visiter à la station et c’est gratuit. Bref, notre but premier est de faire le trajet de Casablanca jusqu’à la ville de Santa Cruz qui est juste à côté de Jibacoa. Le prix est d’environ 1,50 $ CDN (si mes souvenirs sont exacts).

On attend un peu et le train arrive finalement. J’observe et je vois que ça se complique.

OMG (Oh My God) ils font des changements au niveau du système de propulsion électrique du train sur le toit à dix minutes du prochain départ. Dans ma tête, jamais ils ne seront prêt.

Réparation avant le départ

Erreur, ils sont prêt et on part à l’heure.

Laissez-moi vous partager mon sentiment quand j’entre dans le train. Je n’en crois pas mes yeux. C’est la version dinosaure d’un train. J’ai peine à croire qu’il fonctionne tant il est archaïque et rudimentaire.

Misère, ça brasse comme c’est pas possible et ça “swing” de gauche à droite. c’est même assez difficile de rester debout. Être assis n’est pas tellement mieux. De vieux sièges en plastique dur sur une armature en acier. Ne cherchez pas le luxe et le confort, il n’y en a pas. Je le sais, j’ai fouillé partout.

Le train s’arrête à toutes les stations pour quelques secondes afin de laisser débarquer les rares passagers. Nous sommes au milieu des terres avec des champs et quelques maisons isolées. C’est jolie à regarder et lentement on s’habitue au rythme du train.

Notre vue de la campagne cubaine

Caroline qui profite toujours de chaque occasion pour remettre son nez dans ses bouquins pour trouver la perle rare de chaque lieu m’annonce qu’il y a un arrêt pour “Pueblo Jibacoa”.

Bingo! On n’aura même pas à négocier ça entre nous car on est sur la même longueur d’onde. Ben oui, c’est comme ça!

Laissez-moi vous dire tout de suite que Pueblo Jibacoa et Playa Jibacoa ce n’est pas la même chose et ce n’est pas au même endroit. On ne pense pas à ça à ce moment là. Non, on débarque du train au milieu de nulle part avec un autre passager. Nous n’avons aucune idée de la direction à prendre. Alors, on demande. La réponse: Siempre recto por tres kilómetros.

C’est ici que nous sommes descendus du train

Ok, tout droit pour 3 km. Génial. On marche, on marche, les kilomètres défilent sous nos pieds et toujours rien en vue. On doit bien avoir parcouru 5 ou 6 km lorsqu’on arrive à un croisement. Une intersection de deux routes de terre sans nom et sans direction. Siempre recto qu’il nous a dit alors on continu tout droit. On marche encore un bon bout,  la chaleur est écrasante. Soudain, trois Cubains, deux hommes et un adolescent, dans une sorte de calèche fabriqué avec les moyens du bords et tiré par un vieux cheval sur le bord de la retraite, nous accostent…

Imaginez, on est perdu dans les terres cubaines et la première chose que fait Caroline lorsque qu’on rencontre d’autres humains est de sortir de son sac des paires de jeans qu’elle veut leur donner. Oui, vous avez bien lu. Je ferai peut-être un autre article sur les habitude de Caroline en voyage histoire de vous faire rire.

En parlant avec eux avec notre espagnol assez rudimentaire, on comprend qu’on est loin de notre destination et qu’en plus, on est pas sur la bonne route. Nos jovials sauveurs qui ont dû consommer pas mal de rhum avant de nous rencontrer nous invitent à prendre place dans leur calèche artisanale pour nous ramener sur le droit chemin. Ouf! Quelle aventure! Après le train qui brassait pas mal, nous voici à cinq dans une boîte sur roues tirée par une bête à bout de force. On se quittera finalement heureux de retrouver notre voie et d’avoir rencontré de si bonnes personnes.

À gauche ou à droite?

Tout en étant sur la bonne route, on arrive encore à un croisement. Le soleil est de plus en plus bas et nous n’avons aucune idée où l’on se trouve. Pas de point de repère, pas de Google map, pas de wi-fi, personne à l’horizon jusqu’à ce que l’on retrouve, enfin, une route pavée.

On marche encore longtemps. Au loin, on voit des cubains qui ressemblent à des maîtres d’hôtel. On leur demande notre chemin et l’indiquent. On demande aussi ce qu’il font et nous disent qu’ils attendent de voir si un bus passera. Ils sont des employés d’hôtel et doivent se rendre au travail mais il n’y a pas de service de transport publique à Cuba. Donc, pas de raison pour nous d’attendre avec eux. On continu, à pied dans la bonne direction en pensant qu’on est plus très loin.

Il fait de plus en plus sombre

Il fait de plus en plus sombre et rien de ce que l’on voit nous dit quelque chose. Un périple qui aura dû nous prendre deux à trois heures est devenu une aventure épuisante de plus de 10 heures.

Soudain, des cris derrière nous. On se retourne et l’on voit nos employés d’hôtel, la tête sortie par les fenêtres d’un autobus, gesticulant, tout sourire au lèvre, nous invitant à embarquer avec eux pour finir le trajet. Certainement! On est fatigué, on a plus de vingt kilomètres dans les jambes sous un soleil de plomb et cette invitation est la bienvenue.

Le moment magique. Il y a toujours un moment magique.

Nous voici donc confortablement assis dans ce bus en direction de Playa Jibacoa, gratuitement, car le chauffeur est heureux d’être le sauveur de ces pauvres touristes perdus que nous sommes. L’ambiance dans ce bus est formidable. Ils sont une dizaine de cubains conversant entre eux, riants à gorges déployées, se moquant amoureusement de l’un ou de l’autre sans méchanceté et se racontant les histoires qu’ils ont vécus depuis leur dernière rencontre. Nous, on est là, en silence, à observer et écouter l’union fraternel qui existe entre ses hommes et femmes coupés en grandes partie du reste du monde sur leur île des caraïbes.

On se regarde Caro et moi sans rien dire. Oui, tous ces efforts pour vivre ce moment magique que l’on espérait plus, qu’on avait même oublié au profit de notre destination. Notre bonheur est à son max.

L’autobus continue sa route et l’on réalise qu’on était encore très loin et qu’on est pas encore arrivé. Après quinze ou vingt minutes d’autobus, on arrête et tout le monde descend. Notre belle gang de bronzés prend sa direction et nous on continue à pied. Il nous reste deux ou trois kilomètres à faire mais on y arrivera.

Dernier bout de route à pacourir

Nous y voici. Notre hôtel, notre chez nous, notre “home sweet home”, enfin. On est fatigué et affamé. Par chance, le restaurant est encore ouvert, juste sur le point de fermer.

Si vous avez déjà été à Cuba, vous savez que la bouffe n’est pas la raison pour laquelle cette destination est populaire. Quoi qu’il en soit, on se jette de tout coeur sur les restants du buffet afin d’assouvir notre faim après cette aventure.

Cette histoire trouvera sa fin sur la phrase historique de Caroline: C’était succulent, je me suis régalée! On rit encore aujourd’hui de cette phrase spontanée qui représente l’état d’esprit à avoir selon les situations que l’on vit.

Je vous invite à essayer le train Hershey et nous faire part de vos commentaires et nous raconter votre moment magique.


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